Gastro-entérologie
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Activité physique et MICI : corrélations et impacts 

L’activité physique diminue le risque de MICI…

Il est maintenant bien établi que l’activité physique est associée à une diminution du risque de développer une maladie inflammatoire de l’intestin (MICI). En effet, une méta-analyse ¹ a repris les études pertinentes publiées avant avril 2023 qui évaluaient l'effet des niveaux d'activité physique avant le diagnostic des MICI sur l'incidence des MICI. Les risques relatifs (RR) et les intervalles de confiance (IC) ont pu ainsi être évalués. Dix études ont été sélectionnées. Les études de cohortes comptaient 1 182 patients atteints de la maladie de Crohn (MC) et 2 361 patients atteints de rectocolite hémorragique (RCH), ainsi que 860 992 participants ne souffrant pas de MICI. Pour les études cas-témoins, il y avait 781 patients atteints de MC et 2 636 témoins ; pour la RCH, 1 127 patients pour 3 752 témoins. Par rapport aux personnes ayant un faible niveau d'activité physique, les RR de développer une MC chez les personnes ayant un niveau d'activité physique élevé pour les études de cohortes et les études cas-témoins étaient respectivement de 0,78 [IC à 95 % 0,68-0,88, p = 0,0001] et de 0,87 [IC à 95 % 0,79-0,95, p = 0,003]. Pour la RCH, les RR étaient de 0,62 [IC 95 % 0,43-0,88, p = 0,008] et de 0,74 [IC 95 % 0,51-1,07, p = 0,11].

… Pourtant, les MICI diminuent le niveau d’activité physique

A l’inverse, on sait que le niveau d’activité physique est réduit chez les patients atteints de MICI. Dans une étude réalisée chez 298 patients d’âge moyen de 38 ans atteints de MICI dans quatre hôpitaux français, il a été constaté une diminution de la fréquence du niveau d’activité physique depuis le diagnostic de MICI, et ce, indépendamment de l'âge, du sexe, de l'intensité des symptômes ou du type de maladie².

Le principal obstacle à la pratique de l’activité physique était la fatigue (56 %) et la principale crainte des patients était la diarrhée (42 %). En outre, 75% des patients ne se sentaient pas suffisamment informés et 61 % d'entre eux étaient intéressés par un coaching.

Dans l’enquête de l’AFA Crohn RCH France (2020), à la question : « Avez-vous renoncé à certaines activités sportives à cause de votre maladie ? », sur 2 582 répondants, 66 % des patients (MC : 67 %, RCH : 65 %) avaient renoncé à la pratique d’activités sportives ou avaient réduit le temps passé à la pratique d’une activité sportive³.

Activité physique et MICI : l’importance de l’état nutritionnel

On sait que les MICI ont un impact important sur l’état physique des patients. L’état nutritionnel des patients doit être systématiquement évalué car la dénutrition reste fréquente. L’évaluation de la dénutrition d’un patient repose sur les critères de la HAS (Haute Autorité de Santé)⁴ :

La dénutrition est liée à une diminution des ingesta, à une mauvaise absorption des aliments et/ou à une augmentation des besoins énergétiques des patients. Ces trois causes sont très souvent intriquées⁵.

Activité physique et MICI : le diagnostic de la sarcopénie

Au-delà de la dénutrition proprement dite, les patients développent fréquemment une perte de la masse et/ou de la fonction musculaire (sarcopénie) qu’il convient également de dépister. Dans une étude prospective, il a été montré que 62,8 % des patients atteints de MC avaient une diminution de la masse musculaire et que la majorité d’entre eux présentaient également une diminution de la performance musculaire (force, vitesse de marche, test du lever de chaise, etc…)^6,7. Une méta-analyse de 14 études étudiant la relation entre la force de préhension et la mortalité chez des patients a montré que la diminution de 1 kg de la force de préhension était associée à un surrisque de mortalité de 3 %⁸.

Le diagnostic de la sarcopénie repose sur la mesure de la force et de la masse musculaire. En pratique clinique quotidienne, il est recommandé d’utiliser le questionnaire de dépistage le SARC-F⁹ :

Si le score est compris entre 0 et 3, la sarcopénie est éliminée avec une valeur prédictive négative de 98 %. Si le score est supérieur à 3, il faut faire une évaluation plus poussée de la sarcopénie par mesure de la force musculaire (dynamomètre ou test du lever de chaise) et de la masse musculaire (TDM, impédancemétrie ou DEXA)⁹.

L’EWGSOP propose un algorithme et recommande l’utilisation de l’outil de dépistage SARC-F avant d’entreprendre les tests de diagnostic de la sarcopénie^10,11.

Article rédigé en collaboration avec un gastro-entérologue.