MICI et activité physique : en pratique ?
Trois éléments sont importants à prendre en compte et à associer1 :
1. Lutter contre la sédentarité
Diminuer le temps passé à des activités sédentaires pour arriver à un temps total sédentaire entre le lever et le coucher inférieur à 7h/jour. Il est nécessaire de rompre les temps de sédentarité par des pauses d'au moins une minute toutes les heures ou de 5 à 10 minutes toutes les 90 minutes (passer de la position assise à la position debout avec une activité physique de faible intensité, marcher lentement par exemple).
2. Augmenter l'activité physique dans la vie quotidienne
En se déplaçant à pied, à vélo, à trottinette (non électrique), en prenant les escaliers...
3. Pratiquer des activités physiques et/ou sportives structurées
Pratiquer une activité physique régulière, raisonnée et raisonnable, en se fixant des objectifs réalistes et atteignables dans le temps. Pratiquer une activité plaisante pour garder sa motivation. Commencer par de petites quantités d'activité physique et augmenter progressivement la fréquence, l'intensité et la durée.
Les recommandations de l’OMS
Dans tous les cas, le moindre mouvement compte ! Une activité physique limitée vaut mieux qu'aucune activité. Si la quantité d'activité physique recommandée n'est pas atteinte, la pratique d'une quantité inférieure est néanmoins bénéfique pour la santé.
Selon l’OMS, tous les adultes devraient avoir une activité physique modérée d’au moins 150 minutes ou une activité intense d’au moins 75 minutes au cours de la semaine. Une activité plus importante (300 minutes par semaine) est encore plus bénéfique. Afin d’améliorer et d’entretenir la santé musculosquelettique, il faudrait réaliser des activités de renforcement des principaux groupes musculaires au moins deux jours par semaine. De plus, les personnes âgées ayant des problèmes de mobilité devraient pratiquer une activité physique au moins trois jours par semaine pour améliorer leur équilibre et éviter les chutes1.
L’importance du bilan initial
Chez un patient atteint de MICI, le bilan initial évaluera le niveau d’activité physique et de sédentarité, les facteurs de risques et les contre-indications. Un entretien motivationnel permet de faire comprendre au patient les bienfaits attendus de l’activité physique et améliore son adhésion à cette prise en charge. Au cours des MICI, les contre-indications à l’activité physique sont rares en dehors d’une poussée et/ou d’une dénutrition sévère, de manifestations extra-digestives de type SPA (Spondylarthrite Ankylosante) non contrôlées ou de comorbidités associées.
Le bilan initial permet de classer les patients en quatre catégories :
1. Les patients qui ont une incapacité fonctionnelle et qui doivent être pris en charge par un masseur kinésithérapeute et/ou en milieu spécialisé.
2. Les patients autonomes motivés pour lesquels la pratique individuelle est possible et qu’il faut accompagner et ré-évaluer. Une prise en charge dans le cadre d’ateliers d’éducation thérapeutique (ETP) peut être envisagée pour favoriser la motivation.
3. Les patients qui ont besoin d’activité physique adaptée (APA) en groupe peuvent également être pris en charge dans le cadre des programmes ETP mais aussi d’associations de clubs sportifs formés à l’APA.
4. Enfin, les patients qui nécessitent un programme personnalisé avec un professionnel APA. La réglementation actuelle permet de mettre en place des programmes d’APA valorisés dans les hôpitaux de jour (HDJ) des établissements de santé. Par exemple, l’HDJ PROACTIVE de l’hôpital Beaujon2.
Conçu comme un parcours de santé global, à la fois individuel et collectif, PROACTIVE Nutrition s’appuie sur les expertises de médecins gastro-entérologues, d’infirmières en pratiques avancées, d’enseignants en APA, de diététiciennes, de nutritionnistes, de stomatologues, de tabacologues, de psychologues, etc.
La première séance est composée :
- d’une consultation avec le médecin gastroentérologue nutritionniste,
- d’une consultation avec la diététicienne pour une évaluation complète,
- d’une consultation avec l’enseignant en APA pour réaliser un entretien motivationnel.
La réalisation d’un bilan éducatif partagé avec l’infirmière de coordination permet d’établir les besoins, pour ensuite intégrer un programme d’ETP et de la réalisation d’un bilan sanguin complet par l’infirmière de coordination.
A la suite à cette première séance, un plan personnalisé de soins est remis à chaque patient, avec le déroulé des séances suivantes.
Il est aussi possible après la délivrance d’un certificat de non contre-indication à l’APA ou d’une prescription d’APA pour maladie chronique, d’orienter les patients vers des maisons Sport et Santé sur le modèle de celle du CHU de Rennes3 :
Pour en savoir plus, il existe un guide de consultation et prescription médicale d’activité physique à des fins de santé de la HAS téléchargeable sur internet4.
En conclusion, lutter contre la sédentarité et favoriser l’activité physique sont bénéfiques pour nos patients MICI. Il est important d’aborder la question de l’activité physique en consultation afin de faire un bilan initial qui pourra déboucher sur de simples conseils jusqu’à la prise en charge personnalisée par un enseignant en APA. De plus en plus de structures se créent dans les établissements de santé et facilitent cette prise en charge.
Article rédigé en collaboration avec un gastro-entérologue.
APA : Activité Physique Adaptée
ETP : Éducation Thérapeutique
HDJ : Hôpital de Jour
Références
- Recommandations de l’OMS sur l’activité physique. https://www.who.int/fr/news-room/campaigns/connecting-the-world-to-combat-coronavirus/healthyathome/healthyathome---physical-activity.
- Hôpital de Jour PROACTIVE Nutrition. https://hopital-beaujon.aphp.fr/2023/11/21/lhopital-de-jour-proactive-nutrition/
- CHU Rennes. Maison sport-santé. https://www.chu-rennes.fr/chu-rennes/actualites-23/une-maison-sport-sante-pour-favoriser-lacces-a-une-activite-physique-adaptee-1781.html
- Guide HAS. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-10/guide_aps_vf.pdf